Selon une étude menée par des élèves de l’Inet à partir des données de la ville de Lyon, 45% des postes répertoriés dans la collectivité seraient concernés par l’introduction de l’intelligence artificielle. Si peu de métiers semblent susceptibles de disparaître, l’étude incite les élus à anticiper la mutation des postes les plus affectés.
Face à l’arrivée de l’IA générative, qui touche davantage les cols blancs, les collectivités sont nombreuses à s’interroger sur l’impact de l’IA sur leur organisation. C’est dans cette optique que la ville de Lyon a demandé à des étudiants de l’Institut national des études territoriales (Inet) d’établir une cartographie des métiers concernés par l’IA. L’objectif recherché était de « sensibiliser les élus et dirigeants territoriaux aux changements à venir pour leurs organisations » et « d’orienter les ressources d’accompagnement du changement vers les secteurs et les métiers les plus concernés ». La cartographie réalisée par les étudiants s’est basée sur la méthodologie de l’Organisation mondiale du travail (OMT) appliquée au tableau des effectifs de la ville de Lyon. Si les résultats ne sont pas généralisables à toutes les collectivités, les ordres de grandeur sont intéressants.
Les filières administratives et culturelles impactées
Les métiers ont été classés en quatre catégories : pas concernés, peu concernés, concernés ou très concernés par l’IA. Il en ressort que 55% des métiers seraient épargnés par l’IA, 5% étant très concernés, 15% concernés et 35% peu concernés. Par catégorie de fonctionnaires, les catégories C et B comptent le plus de postes « très concernés ». Sans surprise, les filières administratives et culturelles sont nettement plus impactées que les filières technique, sociale et médicosociale. Pour la filière administrative, 70% des agents seraient concernés/très concernés et environ la moitié des agents de la filière culturelle. Par direction générale, les DG relation usagers, ressources humaines, ressources constituent le trio de têtes des DG les plus impactées.
Adaptation plutôt que disparition des métiers
L’étude fournit en annexe la liste des métiers, selon leur nomenclature de la FPT, classés selon leur niveau de sensibilité à l’IA. Elle révèle que les agents d’accueil et les assistants de gestion pourraient voir 82% de leurs taches réalisées par l’IA générative. Des métiers amenés à disparaitre ? Selon les travaux de l’OMT, il faut davantage s’attendre à une « évolution des métiers » plutôt qu’à leur disparition. Par exemple, la saisie de données pourrait être remplacée par du temps de travail dédié à l’analyse des dossiers ou des données. Néanmoins dans 5,5% des cas, toujours selon l’OMT, l’IA pourrait se substituer totalement aux agents, « ce qui reste significatif » notent les étudiants. En outre, ces derniers soulignent que les femmes devraient être davantage impactées que les hommes.
Accompagner et former
À partir de ces constats, l’étude incite la collectivité témoin à mettre en place un plan de sensibilisation aux enjeux et risques de l’IA sous forme de jeu sérieux (1) ou de présentations succinctes. Elle invite également la ville à s’appuyer sur le CNFPT pour créer des formations adaptées, celles-ci faisant encore défaut dans l’offre disponible. Il s’agirait, par exemple, d’apprendre aux agents à « prompter » pour rédiger des délibérations. Il est enfin suggéré de former les services RH à l’usage de l’IA et d’associer les partenaires sociaux à l’élaboration de cas d’usage.
(1) Le jeu sérieux ou le serious game est une application informatique qui associe un objectif sérieux comme par exemple un apprentissage, une communication ou une information avec un moyen ludique inspiré des jeux vidéo.
Pour aller plus loin
L’étude
par Olivier Devillers
Pour Localtis
Photo : Freepik