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Des centaines de milliers de travailleurs du public et du privé ont de nouveau manifesté dans tout le pays ce 17 décembre contre le projet de retraite par points du gouvernement. D’évidence, la mobilisation, douze jours après son lancement et six jours après les annonces du Premier ministre, n’avait pas faibli, voire s’était amplifiée à certains endroits.

A Paris, le cortège, extrêmement dense, débordait sur les trottoirs. Les manifestants étaient également beaucoup plus nombreux que le 5 à Marseille (200 000 manifestants), à Bordeaux (70 000), à Rouen (35 000), au Havre (33 000)… Ils étaient encore bien présents dans de plus petites villes comme Avignon (15 000), Tours (15 000), Châteauroux (6000), Vichy, Moulins, Grenoble, Privas, Fécamp, Vierzon…..

Toujours plus de salariés du privé
Dans le cortège parisien, pour lequel l’URIF-FO (Union régionale d’Ile de France) avait dû affréter deux fois plus de cars que le 5 décembre, la présence plus massive du secteur privé était frappante. Les salariés des mutuelles, de Carrefour, de Coca-Cola, de PSA, de la Tour Eiffel ( de nouveau fermée, comme le 5 décembre), des hôtels cafés restaurants, de la Sodexo, des entreprises de la restauration collective, de plusieurs grands hôtels de Paris, de Mc Donald, d’entreprises du bâtiment, des caisses de Sécurité sociale et d’autres organismes sociaux, se mêlaient aux cheminots, agents de la RATP, enseignants et personnels de l’Education nationale, hospitaliers… Certains n’étaient pas là le 5, d’autres étaient revenus mais accompagnés cette fois de plus de collègues. Nombreux étaient ceux qui faisaient état de débrayages dans leur entreprise.

« Depuis une semaine, les bacs maritimes sont bloqués sur la Seine entre le Havre et Rouen », indiquait le secrétaire de la FEETS- FO (Equipement, environnement, transports, services), Jean Hédou.

« Ils tiennent, ils ne veulent pas lâcher »
Dans la construction, le secrétaire de la fédération, Franck Serra, citait plusieurs entreprises, comme Ponticelli en Rhône Alpes « avec 80% de grévistes le 5 et encore 80% aujourd’hui », ou une société du groupe Vinci à Orléans avec 80% de grévistes aussi, et des débrayages chez Cofely ou encore Proxitherm . « Les salariés débrayent, reprennent parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement, parce qu’ils alimentent les chaudières d’immeubles, notamment pour les crèches et les écoles par exemple, puis débrayent à nouveau. Ils tiennent, et ils ne veulent pas lâcher. On n’est pas à un Noël près, la retraite c’est plus important », expliquait le responsable syndical.

Chez les routiers, Patrice Clos, secrétaire général de la fédération FO transports et logistique indiquait : « il y a des actions depuis le 5 décembre, un peu partout sur le territoire. A Bordeaux, cette nuit, les routiers FO ont bloqué la zone de fret de Bruges de 22 heures à 6 heures du matin. Il y a des opérations escargot dans le Jura, dans le Nord, d’autres blocages à Marseille, Avignon… Pour la suite, on sait que ça va être difficile pendant les congés de Noël, mais pour nous il n’est pas question de laisser tomber. »

« La motivation est plus forte parce que le gouvernement n’a rien lâché »

Céline, cariste à l’emboutissage chez PSA à Poissy, constatait : « on est plus nombreux que le 5. Des collègues qui sont juste adhérents sont venus aujourd’hui. La motivation est plus forte parce que rien n’a été lâché par le gouvernement. »

Un autre métallo soulignait : « il faut qu’on continue à se mobiliser jusqu’à ce que le gouvernement retire son projet et ses petits arrangements entre amis, il les fera avec d’autres qu’avec nous. L’abandon de l’âge pivot ? Bien sûr que c’est une de nos demandes, mais ce n’est pas la première. La priorité c’est de préserver le système actuel et de négocier dans ce cadre-là. Ce qui nous inquiète le plus c’est la valorisation sur l’ensemble de la carrière. Le ministre a beau assurer que la valeur du point ne pourra pas baisser, il n’en reste pas moins qu’elle sera liée à une loi de financement. Mais que sera la loi de 2039, de 2049 ? Il n’y a plus de garantie car une loi peut être défaite par une autre. »

Noël, ou pas…
Cyril Malac, responsable FO des agents de gare et contrôleurs de la RATP indiquait : « Nous avons le même nombre de conducteurs grévistes qu’au début du mouvement, mais en plus maintenant de nouvelles catégories rejoignent le mouvement, comme les agents commerciaux en gare, alors qu’il est pourtant plus difficile pour eux de faire grève, car leurs salaires sont beaucoup plus faibles. On fera grève jusqu’à ce que le gouvernement lâche. Noël ou pas, nous, nous n’avons pas l’intention de lâcher. » Non loin de là, une jeune femme agent en station, explique : « De toutes les façons, nos enfants ne nous voient déjà pas à Noël, puisqu’on travaille, alors pour le coup… »

"Le gouvernement remet en cause mon contrat"
Faima, qui travaille aussi en station à la RATP témoignait : « je travaille depuis un an à la RATP, j’accueille, je renseigne, je contrôle. Je gagne entre 1500 et 1600 euros en fonction des jours fériés travaillés. Je fais grève certains jours et d’autres non, parce que justement, mon salaire ne me permet pas de la faire tous les jours. Mais j’ai un enfant qui va avoir trois ans, et je pense surtout à lui. »

Sa collègue Djenaba racontait : « C’est la première fois que je fais grève et que je manifeste depuis que je suis à la RATP. J’y travaille depuis douze ans et je gagne autour de 1800/1900 euros. Je travaille les samedis, le dimanche, les jours fériés, le jour d’anniversaire de mon fils. Je suis rentrée à la RATP parce que je pensais avoir de réelles perspectives d’évolution et que malgré toutes les contraintes, comme aussi se lever à trois heures du matin, et n’avoir de congés en juillet-août que tous les deux ou trois ans, je pensais avoir l’assurance de pouvoir partir plus jeune à la retraite. Aujourd’hui, le gouvernement remet en cause cette promesse et mon contrat. »

Yves Veyrier : « nous n’avons pas été entendus, donc on maintient la mobilisation »
Interrogé en début de manifestation par les média, le secrétaire général de la confédération, Yves Veyrier, résumait ainsi la situation : « Notre mandat c’est d’abord de se faire entendre et comme pour le moment nous n’avons pas été entendus, on maintient la mobilisation. On entre évidement dans une période qui du point de vue de l’action risque d’être un peu plus compliquée, mais on ne va pas lâcher. Le gouvernement accélère et nous dit de faire pause. C’est à lui d’appuyer sur le bouton stop. Il est urgent qu’il le fasse. Il faut qu’il comprenne que son projet ne passe pas. Il faut éviter l’erreur historique. »

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